Cette motion rappelle les difficultés de tous les établissements scolaires de Dieppe, primaires comme secondaires. Elle rappelle aussi les attentes tant de ces établissements que de la municipalité.
Etaient présents lors de ce conseil municipal des représentants de plusieurs établissements scolaires de Dieppe, entre autres du collège Braque et des lycées Ango et Neruda.
Cette motion a été adoptée à l'unanimité du conseil municipal, sans avoir été au préalable amendée.
Voici le texte de la motion :
Cabinet
du Maire
Rapport
au conseil municipal |séance du 7 février 2019
Motion
présentée par la majorité municipale
Motion
de soutien au mouvement de la communauté éducative dieppoise
Résumé
du rapport
Depuis
le 17 novembre dernier, la
communauté éducative dieppoise se mobilise pour alerter
sur le manque de moyens,
de
plus en plus criant,
alloués
aux établissements de notre territoire.
Ces
derniers jours, cette mobilisation s'est traduite par le refus de
voter les
dotations horaires proposées, des Conseils d'Administration
reportés, et une manifestation samedi 1er
février au pont Ango. Les équipes éducatives du collège Braque
ont été reçues par deux fois par l'Inspecteur d'Académie, la
dernière rencontre datant du lundi 4 février.
La
majorité municipale soutient ce mouvement citoyen initié par les
acteurs éducatifs et les parents.
Le
maire de Dieppe, Nicolas Langlois, s'entretiendra vendredi 8 février
avec le nouvel Inspecteur d'Académie - Directeur Académique des
Services de l'Education nationale, pour lui présenter les
difficultés auxquelles sont confrontés les établissements
dieppois. Mercredi 6 février, Sébastien Jumel, député de
Seine-Maritime et conseiller municipal, a remis au ministre de
l'Education nationale un livre blanc pour plaider pour un rattrapage
des moyens alloués à nos établissements scolaires, à la hauteur
des moyens nationaux.
Il
y a une réelle urgence à ce que les revendications de la communauté
éducative soient entendues. Au cœur de celles-ci, une exigence :
que l’école puisse remplir ses missions fondamentales d’éducation
de tous les élèves qui sont les citoyens de demain.
Car
c'est bien l'école qui a
un rôle essentiel à jouer pour
assurer l’égalité
des chances. Ce
n'est pas un enjeu de faible importance en
France où
le lien entre les inégalités scolaires et les inégalités sociales
est plus fort qu’ailleurs. Ce
sont les élèves issus des familles les plus défavorisées et ceux
qui ont des difficultés d’apprentissage qui sont, on
le sait,
les plus pénalisés par des
conditions d’études dégradées.
Le
projet de loi « pour
une école de la confiance » n'est pas de nature à rassurer
les acteurs
éducatifs. Après le recul sur les
rythmes scolaires
qui ne sont plus
nationaux, le
recul sur le service
public national de l’orientation, remis en cause par le transfert
des CIO aux Régions, le
recul incarné par une
réforme du
baccalauréat qui aboutit
à moins d'options proposées
dans de nombreux
lycées, les
questions abordées
par la loi (exemplarité
des personnels, évaluation
des établissements,
création d’établissements internationaux)
ne
répondent pas au sentiment d'abandon et à la perte de sens de
nombre de
fonctionnaires
de
l'Education nationale.
Cette
motion portée par la majorité municipale est présentée en Conseil
municipal.
Exposé
des motifs
Le
collège Braque, les
écoles Michelet, Vauquelin et Sonia Delaunay élémentaire et
maternelle faisaient
partie jusqu'en 2014 du
Réseau Education prioritaire, parce
qu'ils répondent aux critères définis nationalement.
La révision de la carte
de l'Education prioritaire les
en a pourtant
exclus,
sans que les critères
aient été modifiés.
Le
bilan de cette sortie du REP est éloquent. Si la « Convention
Académique de Priorité Educative », obtenue par les élus et
équipes qui s'étaient mobilisés, a permis de conserver des
effectifs par classe raisonnables dans les écoles, elle n'a pas
permis de maintenir des moyens à la hauteur des besoins ni de
stabiliser les équipes.
Au
collège Braque, 5 classes ont
été supprimées en 3
ans, des postes ont été
perdus en
latin, histoire, EPS,
les moyens pour l'accompagnement éducatif ont
été supprimés, les
sections européennes allemand
et espagnol ont disparu,
les élèves des Classes
à Horaires Aménagés Musique (CHAM) ont
vu leur formation musicale passer de 8
heures à 6.
Un
cercle vicieux qui aboutit à toujours moins, puisque les moyens
horaires sont désormais calculés sur la base du nombre de divisions
et non du nombre total d'élèves.
Dans les
écoles, les équipes éducatives ont dû faire face et font face à
des difficultés importantes sans moyens suffisants.
Dans
ces établissements qui mériteraient un retour en REP comme dans
tous les établissements scolaires dieppois, les
prévisions pour la rentrée 2019 sont inquiétantes.
Au
collège Braque, pour
une diminution d'effectif de seulement 12 élèves, une
classe de troisième serait fermée, 3 postes supprimés en allemand,
lettres et anglais.
Au
collège Delvincourt, classé
en REP, une
classe de troisième serait également
fermée.
Cela
signifie que le seuil maximal de 25 élèves par classe en
éducation prioritaire serait
atteint. Or, en
6ème,
le
collège accueille près
de 80% d’élèves en difficulté de lecture.
Dans
certaines écoles,
des fermetures de classes ne
sont pas exclues pour
une année seulement,
une politique de courte-vue qui ne prend en compte ni les élèves
qui effectueront une année scolaire dans des conditions moins
bonnes, ni les enseignants contraints parfois de quitter un
établissement où ils enseignaient de longue date.
Dans
les lycées, alors
que
l’académie
de Rouen devrait
perdre l’équivalent
de 96 postes (cela
représente,
rappellent
les équipes
du
lycée Pablo-Neruda, leur
établissement
rayé de la carte),
les
prévisions sont également
alarmantes.
Au
lycée Pablo-Neruda,
une diminution estimée
de 15 élèves se traduit par une perte sans commune mesure de
73,25 heures, soit
trois postes d’enseignants supprimés, une
demi-classe en 2ème année de BTS électro-technique supprimée. La
réforme leur fait perdre les heures du pack ISA (aéronautique) qui
attiraient pourtant des élèves motivés.
Au
lycée Jehan-Ango,
ce
sont 6 postes d'enseignants titulaires
et
des
postes de contractuels qui seraient supprimés et l'option langues
anciennes pourrait disparaître.
Cela
signifierait
que l'option
latin
ne
sera désormais plus
accessible
dans
le public à Dieppe.
Au
lycée du
Golf,
le lycée général et technologique perdrait
20H poste ce
qui signifie là encore un poste
supprimé.
Dans
tous les établissements, ce sont les possibilités de choisir des
options particulières, celles de travailler en demi-groupe en
langues ou en sciences qui sont mises en danger par cette vision
comptable. Au bout du compte, c'est aussi le choix de privilégier la
mixité des publics, qui pourtant a fait ses preuves, et l'engagement
de donner les mêmes chances à tous les élèves, qui sont mis en
cause.
Avec
des postes en moins et des effectifs par classe augmentés, la
question de l'accueil des élèves à besoins particuliers se pose de
manière plus aigüe.
Alors
que la société prend conscience de la nécessité d'accompagner
autrement les élèves Dys, que le chiffre des enfants qui présentent
des syndromes autistiques est en augmentation, que les addictions aux
écrans sont mieux connues, Dieppe n'a pas à ce jour un nombre
suffisant de places dans les dispositifs adaptés. Si un projet
pilote tel que l'unité d'enseignement pour élèves autistes à
l'école élémentaire de Broglie est
un signal
positif, il ne peut suffire eu égard aux besoins.
A l'inverse, la diminution envisagée
de 24 à 21 heures des
moyens horaires des professeurs de classe ULIS n'est
pas acceptable.
Les
effectifs de SEGPA au collège Delvincourt doivent, comme cela est
demandé depuis plusieurs années par les équipes, être augmentés
à 64 places au lieu de 48 actuellement, de nouvelles places en
classes ULIS doivent être créées, des formations proposées en
lycée pour ces élèves, puisque les formations qualifiantes en
collège ont été supprimées. A la rentrée 2018, plus d'une
vingtaine d'élèves étaient sans solution. Pourtant, le Rectorat
refuse depuis deux ans les demandes d'ouverture
de formations
permettant
l’accueil d’élèves issus de SEGPA et d’ULIS au lycée du Golf
et à l’Emulation dieppoise.
A
Dieppe, nombre d'élèves sont ainsi
maintenus dans les
classes ordinaires
faute de place dans les dispositifs adaptés, sans
compter les élèves en
situation de handicap qui n’ont pas d’AVS pour les accompagner,
et les
élèves qui ont besoin d’un suivi pédagogique personnalisé
mais doivent faire seul parce que d’autres ont davantage besoin
d'accompagnement
qu’eux.
Des
élèves qui sont en
souffrance.
Pour
exemple, le collège Braque accueille cette année, sur 109 élèves
de 6ème, 27 élèves identifiés en grave difficulté
(élèves orientés en IME, ULIS ou SEGPA). L'école élémentaire
Delaunay comptabilise des élèves qui font face à des difficultés
dans les mêmes proportions.
Enfin,
l'offre de formation à Dieppe, malgré le combat constant des chefs
d'établissement, des équipes enseignantes et des élus pour la
développer, reste insuffisante pour une ville comme la nôtre.
La
réouverture du BTS
CPRP au
lycée Pablo-Neruda n'est
par
exemple toujours
pas à l'ordre du jour malgré
le rappel des représentants de la branche de la métallurgie et des
filières industrielles de
« besoins particulièrement
importants dans les métiers de la fonderie et de l’usinage »
lors
des
Assises de l'usinage le 18 octobre dernier.
Les machines sont
pourtant,
élus
et acteurs éducatifs y ont veillé,
toujours
disponibles
au lycée, et
le
président de Région lui-même s’était dit favorable à la
réouverture de ce BTS.
Considérant
qu’il
faut défendre le principe d’une Éducation nationale qui transmet
des savoirs certifiés par des diplômes nationaux et des
qualifications reconnues partout
sur le territoire ;
Considérant
que
garantir l’égalité républicaine, c’est donner des moyens
supplémentaires à ceux qui en ont davantage besoin, comme le permet
le réseau de l’Éducation prioritaire, et veiller à un équilibre
entre les territoires ;
Considérant
que
le projet de suppression de plus
de 2600 postes dans le secondaire en 2019 est un signe d’abandon
supplémentaire pour les personnels de l’Éducation ;
Considérant
que
les moyens pour une
véritable inclusion
des élèves en situation de handicap ne
sont toujours pas alloués
à la hauteur des besoins ;
Le
Conseil Municipal de Dieppe demande par cette motion :
-
que le collège Braque et les écoles Michelet, Delaunay et
Vauquelin, sortis du REP à la rentrée 2015, réintègrent le Réseau
Education Prioritaire dès la rentrée 2019 ;
-
qu’un
moratoire soit décidé concernant toutes les fermetures de classe à
la rentrée 2019 ;
-
que
la
réforme du lycée fasse
l'objet d'un véritable dialogue avec les enseignants et les
parents ;
-
que
l’inclusion des élèves en situation de handicap soit permise par
des moyens à la hauteur des besoins (AVS-AESH en nombre
suffisant, dispositifs adaptés plus développés,
présence de médecins et d'infirmières scolaires) ;
-
qu’un
rattrapage soit effectué sur le territoire dieppois
:
les
équivalents
des
anciennes
formations qualifiantes proposées
en collège
doivent
être
créés dans
les lycées dieppois
comme cela a été fait ailleurs;
-
que
de nouvelles formations soient mises en place à Dieppe (réouverture
du BTS CPRP au lycée Pablo-Neruda, ouverture d'une école
d'ingénieur dédiée aux métiers de l'énergie, d'une
formation
de charpenterie de marine...) ;
-
que la Dotation Horaire Globale attribuée à chaque établissement
ne fasse pas l’objet d’un simple calcul arithmétique mais prenne
en compte les projets d’établissement, les heures d’accompagnement
éducatif et permette aux équipes administratives et enseignantes,
stabilisées, d’aborder l’année scolaire prochaine dans la
sérénité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire