vendredi 8 février 2019

Motien de soutien à l'éducation au conseil municipal de Dieppe

Lors de la séance du jeudi 7 février 2019, la majorité municipale a proposé au vote du conseil une motion d'urgence dont le texte est ci-dessous.

Cette motion rappelle les difficultés de tous les établissements scolaires de Dieppe, primaires comme secondaires. Elle rappelle aussi les attentes tant de ces établissements que de la municipalité.

Etaient présents lors de ce conseil municipal des représentants de plusieurs établissements scolaires de Dieppe, entre autres du collège Braque et des lycées Ango et Neruda.

Cette motion a été adoptée à l'unanimité du conseil municipal, sans avoir été au préalable amendée.

Voici le texte de la motion :




Cabinet du Maire


Rapport au conseil municipal |séance du 7 février 2019

Motion présentée par la majorité municipale


Motion de soutien au mouvement de la communauté éducative dieppoise

Résumé du rapport

Depuis le 17 novembre dernier, la communauté éducative dieppoise se mobilise pour alerter sur le manque de moyens, de plus en plus criant, alloués aux établissements de notre territoire. Ces derniers jours, cette mobilisation s'est traduite par le refus de voter les dotations horaires proposées, des Conseils d'Administration reportés, et une manifestation samedi 1er février au pont Ango. Les équipes éducatives du collège Braque ont été reçues par deux fois par l'Inspecteur d'Académie, la dernière rencontre datant du lundi 4 février.

La majorité municipale soutient ce mouvement citoyen initié par les acteurs éducatifs et les parents.
Le maire de Dieppe, Nicolas Langlois, s'entretiendra vendredi 8 février avec le nouvel Inspecteur d'Académie - Directeur Académique des Services de l'Education nationale, pour lui présenter les difficultés auxquelles sont confrontés les établissements dieppois. Mercredi 6 février, Sébastien Jumel, député de Seine-Maritime et conseiller municipal, a remis au ministre de l'Education nationale un livre blanc pour plaider pour un rattrapage des moyens alloués à nos établissements scolaires, à la hauteur des moyens nationaux.

Il y a une réelle urgence à ce que les revendications de la communauté éducative soient entendues. Au cœur de celles-ci, une exigence : que l’école puisse remplir ses missions fondamentales d’éducation de tous les élèves qui sont les citoyens de demain.
Car c'est bien l'école qui a un rôle essentiel à jouer pour assurer l’égalité des chances. Ce n'est pas un enjeu de faible importance en France le lien entre les inégalités scolaires et les inégalités sociales est plus fort qu’ailleurs. Ce sont les élèves issus des familles les plus défavorisées et ceux qui ont des difficultés d’apprentissage qui sont, on le sait, les plus pénalisés par des conditions d’études dégradées.

Le projet de loi « pour une école de la confiance » n'est pas de nature à rassurer les acteurs éducatifs. Après le recul sur les rythmes scolaires qui ne sont plus nationaux, le recul sur le service public national de l’orientation, remis en cause par le transfert des CIO aux Régions, le recul incarné par une réforme du baccalauréat qui aboutit à moins d'options proposées dans de nombreux lycées, les questions abordées par la loi (exemplarité des personnels, évaluation des établissements, création d’établissements internationaux) ne répondent pas au sentiment d'abandon et à la perte de sens de nombre de fonctionnaires de l'Education nationale.

Cette motion portée par la majorité municipale est présentée en Conseil municipal.


Exposé des motifs

Le collège Braque, les écoles Michelet, Vauquelin et Sonia Delaunay élémentaire et maternelle faisaient partie jusqu'en 2014 du Réseau Education prioritaire, parce qu'ils répondent aux critères définis nationalement. La révision de la carte de l'Education prioritaire les en a pourtant exclus, sans que les critères aient été modifiés.
Le bilan de cette sortie du REP est éloquent. Si la « Convention Académique de Priorité Educative », obtenue par les élus et équipes qui s'étaient mobilisés, a permis de conserver des effectifs par classe raisonnables dans les écoles, elle n'a pas permis de maintenir des moyens à la hauteur des besoins ni de stabiliser les équipes.
Au collège Braque, 5 classes ont été supprimées en 3 ans, des postes ont été perdus en latin, histoire, EPS, les moyens pour l'accompagnement éducatif ont été supprimés, les sections européennes allemand et espagnol ont disparu, les élèves des Classes à Horaires Aménagés Musique (CHAM) ont vu leur formation musicale passer de 8 heures à 6.
Un cercle vicieux qui aboutit à toujours moins, puisque les moyens horaires sont désormais calculés sur la base du nombre de divisions et non du nombre total d'élèves.
Dans les écoles, les équipes éducatives ont dû faire face et font face à des difficultés importantes sans moyens suffisants.


Dans ces établissements qui mériteraient un retour en REP comme dans tous les établissements scolaires dieppois, les prévisions pour la rentrée 2019 sont inquiétantes.
Au collège Braque, pour une diminution d'effectif de seulement 12 élèves, une classe de troisième serait fermée, 3 postes supprimés en allemand, lettres et anglais.
Au collège Delvincourt, classé en REP, une classe de troisième serait également fermée. Cela signifie que le seuil maximal de 25 élèves par classe en éducation prioritaire serait atteint. Or, en 6ème, le collège accueille près de 80% d’élèves en difficulté de lecture.
Dans certaines écoles, des fermetures de classes ne sont pas exclues pour une année seulement, une politique de courte-vue qui ne prend en compte ni les élèves qui effectueront une année scolaire dans des conditions moins bonnes, ni les enseignants contraints parfois de quitter un établissement où ils enseignaient de longue date.
Dans les lycées, alors que l’académie de Rouen devrait perdre l’équivalent de 96 postes (cela représente, rappellent les équipes du lycée Pablo-Neruda, leur établissement rayé de la carte),
les prévisions sont également alarmantes.
Au lycée Pablo-Neruda, une diminution estimée de 15 élèves se traduit par une perte sans commune mesure de 73,25 heures, soit trois postes d’enseignants supprimés, une demi-classe en 2ème année de BTS électro-technique supprimée. La réforme leur fait perdre les heures du pack ISA (aéronautique) qui attiraient pourtant des élèves motivés.
 Au lycée Jehan-Ango, ce sont 6 postes d'enseignants titulaires et des postes de contractuels qui seraient supprimés et l'option langues anciennes pourrait disparaître. Cela signifierait que l'option latin ne sera désormais plus accessible dans le public à Dieppe.
Au lycée du Golf, le lycée général et technologique perdrait 20H poste ce qui signifie là encore un poste supprimé.


Dans tous les établissements, ce sont les possibilités de choisir des options particulières, celles de travailler en demi-groupe en langues ou en sciences qui sont mises en danger par cette vision comptable. Au bout du compte, c'est aussi le choix de privilégier la mixité des publics, qui pourtant a fait ses preuves, et l'engagement de donner les mêmes chances à tous les élèves, qui sont mis en cause.


Avec des postes en moins et des effectifs par classe augmentés, la question de l'accueil des élèves à besoins particuliers se pose de manière plus aigüe.
Alors que la société prend conscience de la nécessité d'accompagner autrement les élèves Dys, que le chiffre des enfants qui présentent des syndromes autistiques est en augmentation, que les addictions aux écrans sont mieux connues, Dieppe n'a pas à ce jour un nombre suffisant de places dans les dispositifs adaptés. Si un projet pilote tel que l'unité d'enseignement pour élèves autistes à l'école élémentaire de Broglie est un signal positif, il ne peut suffire eu égard aux besoins. A l'inverse, la diminution envisagée de 24 à 21 heures des moyens horaires des professeurs de classe ULIS n'est pas acceptable.
Les effectifs de SEGPA au collège Delvincourt doivent, comme cela est demandé depuis plusieurs années par les équipes, être augmentés à 64 places au lieu de 48 actuellement, de nouvelles places en classes ULIS doivent être créées, des formations proposées en lycée pour ces élèves, puisque les formations qualifiantes en collège ont été supprimées. A la rentrée 2018, plus d'une vingtaine d'élèves étaient sans solution. Pourtant, le Rectorat refuse depuis deux ans les demandes d'ouverture de formations permettant l’accueil d’élèves issus de SEGPA et d’ULIS au lycée du Golf et à l’Emulation dieppoise.
A Dieppe, nombre d'élèves sont ainsi maintenus dans les classes ordinaires faute de place dans les dispositifs adaptés, sans compter les élèves en situation de handicap qui n’ont pas d’AVS pour les accompagner, et les élèves qui ont besoin d’un suivi pédagogique personnalisé mais doivent faire seul parce que d’autres ont davantage besoin d'accompagnement qu’eux.
Des élèves qui sont en souffrance.
Pour exemple, le collège Braque accueille cette année, sur 109 élèves de 6ème, 27 élèves identifiés en grave difficulté (élèves orientés en IME, ULIS ou SEGPA). L'école élémentaire Delaunay comptabilise des élèves qui font face à des difficultés dans les mêmes proportions.


Enfin, l'offre de formation à Dieppe, malgré le combat constant des chefs d'établissement, des équipes enseignantes et des élus pour la développer, reste insuffisante pour une ville comme la nôtre.
La réouverture du BTS CPRP au lycée Pablo-Neruda n'est par exemple toujours pas à l'ordre du jour malgré le rappel des représentants de la branche de la métallurgie et des filières industrielles de « besoins particulièrement importants dans les métiers de la fonderie et de l’usinage » lors des Assises de l'usinage le 18 octobre dernier. Les machines sont pourtant, élus et acteurs éducatifs y ont veillé, toujours disponibles au lycée, et le président de Région lui-même s’était dit favorable à la réouverture de ce BTS.


Considérant qu’il faut défendre le principe d’une Éducation nationale qui transmet des savoirs certifiés par des diplômes nationaux et des qualifications reconnues partout sur le territoire ;
Considérant que garantir l’égalité républicaine, c’est donner des moyens supplémentaires à ceux qui en ont davantage besoin, comme le permet le réseau de l’Éducation prioritaire, et veiller à un équilibre entre les territoires ;
Considérant que le projet de suppression de plus de 2600 postes dans le secondaire en 2019 est un signe d’abandon supplémentaire pour les personnels de l’Éducation ;
Considérant que les moyens pour une véritable inclusion des élèves en situation de handicap ne sont toujours pas alloués à la hauteur des besoins ;

Le Conseil Municipal de Dieppe demande par cette motion :

- que le collège Braque et les écoles Michelet, Delaunay et Vauquelin, sortis du REP à la rentrée 2015, réintègrent le Réseau Education Prioritaire dès la rentrée 2019 ;

- qu’un moratoire soit décidé concernant toutes les fermetures de classe à la rentrée 2019 ;

- que la réforme du lycée fasse l'objet d'un véritable dialogue avec les enseignants et les parents ;

- que l’inclusion des élèves en situation de handicap soit permise par des moyens à la hauteur des besoins (AVS-AESH en nombre suffisant, dispositifs adaptés plus développés, présence de médecins et d'infirmières scolaires) ;

- qu’un rattrapage soit effectué sur le territoire dieppois : les équivalents des anciennes formations qualifiantes proposées en collège doivent être créés dans les lycées dieppois comme cela a été fait ailleurs;


- que de nouvelles formations soient mises en place à Dieppe (réouverture du BTS CPRP au lycée Pablo-Neruda, ouverture d'une école d'ingénieur dédiée aux métiers de l'énergie, d'une formation de charpenterie de marine...) ;

- que la Dotation Horaire Globale attribuée à chaque établissement ne fasse pas l’objet d’un simple calcul arithmétique mais prenne en compte les projets d’établissement, les heures d’accompagnement éducatif et permette aux équipes administratives et enseignantes, stabilisées, d’aborder l’année scolaire prochaine dans la sérénité.

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